🍬 bulle en sucre #3
“Aventurière au grand cœur et modèle à mes heures perdues” – bio Instagram @your.type.of.sweets
Nouvelle bulle en sucre, nouvelle rencontre ! Aujourd’hui, c’est Chaïma du compte Instagram @your.type.of.sweets qui a bien voulu se confier sur son parcours et son combat. Une personne adorable et pleine de vie : un véritable bonbon ! 🍬
☁️ bulle Pourrais-tu te présenter en quelques mots ?
🍬 Chaïma Je m’appelle Chaïma, j’ai 25 ans et je suis en M2 en langues. Je suis assez timide de base, mais cette année j’ai décidé d’aller de l’avant et je me suis inscrite dans une élection de beauté où je suis arrivée 3ᵉ (2ᵉ dauphine Île-de-France). Je suis DT1 depuis 11 ans à peu près et j’ai eu un chemin assez difficile avec le diabète, mais aujourd’hui j’essaye de le traiter aussi bien que possible.
☁️ Comment as-tu découvert ton diabète ? Comment ça s’est passé ? Qu’as-tu ressenti à ce moment-là ? Qu’as-tu changé dans ta vie ?
🍬 J’ai découvert mon diabète car je faisais énormément de malaises au collège. Ça s’est hyper mal passé parce que j’ai pris ça comme « la fin de ma vie » ! Je me suis dit que c’était fini pour moi. Mais malgré tout ça a été un mal pour un bien, parce que ça m’a énormément rapproché de mon grand-père qui lui aussi était DT1. Il m’a donné beaucoup de force.
J’ai pris ça comme “la fin de ma vie”.
☁️ Comment as-tu rebondi ? Qu’est-ce qui a changé depuis ?
🍬 J’ai été dans le déni pendant très longtemps et pour être honnête ça fait moins d’un an que je régule correctement mon diabète, même si ça reste difficile parfois. Depuis j’ai appris à vivre avec “Tomy”, c’est le nom de mon diabète ; parfois on se chamaille et il me fait la vie dure, mais parfois je me rends compte que s’il n’était pas là je ne serai pas celle que je suis aujourd’hui. C’est un peu comme si mon “Tomy” était mon meilleur ennemi.
☁️ Pourquoi ce déni ? Qu’est-ce qui te faisait sentir cette « fin du monde » ? Est-ce que donner un petit nom à ton diabète t’as aidé à te relever ?
🍬 En fait mon grand-père était dialysé en plus d’avoir du diabète, donc je me suis dit que j’allais finir comme ça, que c’était la suite logique ; alors dans ma tête je me voyais morte en fait, limite la mort me faisait moins peur que le diabète. Je voulais pas être diabétique comme je le disais souvent à l’époque ; pour moi j’aurais préféré avoir le cancer, au moins dans ce cas notre date de mort pouvait être estimée alors que le diabète nous tue à petit feu et on ne sait pas quand ni comment ça va finir. Donner un nom, oui, ça m’a énormément aidée parce que j’avais l’impression que mon diabète était et est toujours un être à part entière.
J’aurais préféré avoir le cancer, au moins dans ce cas notre date de mort pouvait être estimée.
☁️ Si je comprends bien, tu avais encore des clichés sur la maladie, avant d’en arriver là ? Dirais-tu que le fait d’ouvrir la parole sur le sujet sur les réseaux sociaux (avec les diabinfluenceuses notamment), t’aide toi mais aussi les autres, diabétiques ou non ? Comment ?
🍬 C’est ça, je connaissais pas ma maladie et j’avais peur d’apprendre à la connaître donc ça a débouché sur un gros déni. Oui, les diabinfluenceuses m’ont beaucoup aidé, je t’avoue que c’est en tombant sur le compte d’Elsa (ndlr : @that_woman_type) que je me suis dit qu’on pouvait être femme et diabétique et qu’on pouvait vivre sans “se cacher” des autres. Honnêtement, quand je sens que le diabète reprend le dessus, je scrolle sur la page d’Elsa et j’ai un boost d’énergie pour continue mon combat.
Je me suis dit qu’on pouvait être femme et diabétique et qu’on pouvait vivre sans “se cacher” des autres.
☁️ Tu le cachais comment, au début ? Quel a été le « déclic » ?
🍬 Je le cachais en ne m’injectant pas, j’ai mis ma vie en danger pendant 2 ans en ne n’injectant que ma lente (ndlr : insuline à action lente, qui agit en continu durant 24h) le soir et j’avais l’impression d’être un zombie la journée. Et puis je suis tombée sur un article qui disait comment Nick Jonas avait “embrassé son diabète” et comment la pompe était “magique” ! Je me suis dit : “go on tente l’expérience”, après tout si Nick Jonas n’a pas honte de ça pourquoi j’en aurais honte… Sauf que bah Nick c’est Nick et moi je suis moi. ^^’
☁️ La fille de Kate Moss, Lila Grace Moss-Hack, en parle ouvertement. La dernière fois, c’était avec Alerte rouge (Pixar, Domee Shi, 2022)… Penses-tu qu’avec les stars qui en parlent ouvertement, les gens sont plus sensibilisés à ce sujet ? Penses-tu que ça t’aurait aidé au collège ?
🍬 Mais tellement ! Le fait de se dire que des personnalités connues ne le cachent pas, alors ça nous fait un point en commun avec eux. Oui, c’est ça, quand j’étais plus petite je pensais que c’était un tabou de parler du diabète ; j’en parlais qu’avec ma famille, et encore. Alors qu’aujourd’hui, c’est super, on a une sensibilisation de malade sur le sujet et cette maladie, elle ne reste plus si inconnue qu’elle ne l’était avant. Au collège, je crois qu’on était deux à être diabétiques, mais on en parlait pas, on osait pas vraiment, mais je me rappelle qu’au lycée avec un mec de la classe on était des stars, vu qu’à chaque fois pour sortir de la classe on devait être accompagné et on a beaucoup joué là-dessus pour devenir populaire.
☁️ Aujourd’hui, tu dirais quoi à la Chaïma du collège ?
🍬 Aujourd’hui, je lui dirais d’aller faire cette analyse dont elle a tant peur, que c’est pas parce qu’elle est différente qu’elle doit se cacher, et je lui dirais surtout d’enlever toutes ses idées noires et ces clichés de sa tête parce qu’encore aujourd’hui je peux manger mon saint honoré, faut juste faire mon injection avant.
☁️ Dirais-tu que le fait d’avoir des appareils sur ton corps (capteurs, pompe et compagnie) a changé ton rapport aux autres ?
🍬 Oui, mais cela dépend de la personne en face. Quand c’est les enfants ou les ados ils sont curieux, certains 6ᵉ du collège où je travaille pensaient que c’était un super pouvoir, “comme Iron Man” (rires) ! Mais parfois les adultes sont plus durs, ils te regardent comme si tu avais la lèpre ou je ne sais quoi, alors que s’ils prenaient le temps de demander ce que c’est, je suis sûre que leur regard changerait.
☁️ Au collège, des personnes te détestaient-elles sans aucune raison ?
🍬 La prof la plus sévère du collège était un peu plus gentille avec moi, et du coup les autres me détestaient, mais j’avais rien demandé moi ! Non mais je te jure, les personnes qui te regardent en mode : “tu peux aller aux toilettes alors que le prof veut pas, c’est bizarre” ; ou encore : “pourquoi tu passes toujours devant tout le monde à la cantine ?” (ndlr : tu parles d’un privilège…)
☁️ Aujourd’hui, quand tu captes quelqu’un de diabétique, tu te « connectes » avec lui ? Comme si vous vous compreniez d’office ?
🍬 Oui, c’est comme si on se comprenait directement sans rien dire, comme si on était dans une zone safe.
☁️ Tu penses que ça t’aurait aidée d’être entourée comme ça, plus jeune ?
🍬 Oui, c’est comme si on se comprenait directement sans rien dire, comme si on était dans une zone safe.
☁️ Tu penses que ça t’aurait aidée d’être entourée comme ça, plus jeune ?
🍬 Totalement, je pense que j’aurais pas pris ça comme un tabou si ça avait été le cas. Mais aujourd’hui je suis tellement contente de savoir que les ados n’ont plus à subir la pression et limite la honte que nous on a vécue.
☁️ Un petit mot pour la fin ? 🙂
🍬 Je dirais merci pour cette interview et stay tuned parce que j’ai un gros projet sur la grossophobie et les clichés (bien sûr il y aura une partie sur le diabète) qui arrive. Mais tout sera dispo sur mon Insta @becurvy.behappy !
- Pour suivre Chaïma et “Tomy” : @your.type.of.sweets 🍬
- Pour suivre Chaïma top model : @becurvy.behappy 💃🏻